L’appel au vote
lancé, il y a deux jours, par l’administrateur provisoire de
notre université, Jean-François Bonastre, vice-président du
conseil d’administration, en faveur de son collègue, Philippe
Ellerkamp, actuel vice-président de la CFVU, a suscité beaucoup
de réactions.
Certaines de ces
réactions ont été publiques : elles sont légitimes. En effet,
elles ont pointé cette sorte de ruse grossière, ou de duplicité
intellectuelle, qui consiste à sembler parler en son nom
personnel, tout en ayant la charge, déléguée par le recteur
d’académie, d’organiser les élections et de veiller à leur bon
déroulement, à leur régularité et à leur sincérité.
D’autres réactions
ont été soufflées de collègue à collègue, sur le ton de la
confidence : l’étonnement devant une prise de parti déclarée du
chef d’établissement ; le mouvement de recul face à un message
interprété comme une tentative d’influence et de pression ; et,
quelquefois, la peur de « représailles ». Ces réactions-là sont,
dira-t-on, infondées et excessives. Elles sont à l’image exacte
d’un message lui-même excessif. Elles sont le lot, malheureux,
d’une campagne électorale précipitée, écourtée, pleine de bruits
de couloir, de qu’en dira-t-on, de rumeurs assassines et
infondées, et de tentatives insidieuses.
Sur le fond, ce message de notre collègue
administrateur provisoire est un instrument de plus, destiné à
imprimer un autre cours au débat et à l’infléchir. Il importe
dans notre démocratie universitaire les méthodes du marketing
politique. Il ne s’agit plus de peser le pour et le contre entre
deux équipes et deux compétences, mais de pousser à un seul
choix, qui serait dicté par nos tutelles et nos partenaires,
sous peine de catastrophe imminente : l’absorption par AMU,
présentée comme une punition collective.
La réalité, pour notre université, est tout
autre : elle repose sur le débat démocratique, sur l'évaluation
libre des engagements et des projets, et sur la reconnaissance
de la valeur du dialogue, en un mot sur la confiance, et non sur
la peur. Présider une université, ce n'est pas gérer des
dossiers techniques, c'est avoir une vision, porter un souffle,
une dynamique, enclencher des projets de recherche et de
formation étayés par une expérience de pilotage. C'est aussi
manifester du respect à l'égard de tous les membres de
l'Université, pour être le Président de tous, y compris ceux qui
se sont trouvés momentanément dans un autre camp. Du respect
également à l'égard de nos voisins et partenaires
institutionnels. Les tutelles sont heureusement légalistes,
respectueuses des institutions et non pas attachées aux hommes
qui doivent les servir.
Nous savons d'expérience à l'Université que
les compétences sont partagées, que les connaissances
s’acquièrent et se diffusent, que les services assurent la
continuité, et que les réseaux se font et se défont. S'en
remettre à un seul homme présenté de manière mélodramatique
comme le sauveur d'un établissement en péril, serait contraire à
toutes les traditions intellectuelles et scientifiques dont
notre université est porteuse.
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