Mesdames et messieurs les
conseillers,
Nous sommes donc dans les
dernières minutes de la campagne électorale qui va nous mener à
l'élection d'un nouveau président pour l'Université d'Avignon.
Cette campagne aura donné
l'occasion de réfléchir sur ce qu'est une université aujourd'hui,
sur ce qu'est l'Université d'Avignon, sur son avenir, ses forces et
ses faiblesses. Cela aura été surtout un moment de liberté
d'expression et de débats, où les personnels ont enfin pu exprimer
leurs difficultés et leur désir de changement.
Notre liste a remporté
entre 51,4 et 52,9% des votes des enseignants-chercheurs, plus que
cela encore si on se borne aux bulletins exprimés par les salariés
de l'université d'Avignon, ainsi sans doute qu'une majorité de 60 à
70% parmi les personnels techniques et administratifs.
Serait-il raisonnable
d'élire un président qui ne peut compter sur une majorité de ses
personnels ? Non, bien sûr. On peut même s'interroger sur le
fonctionnement de l'université dans un tel cas de figure, en
particulier si l'on tient compte qu'une partie des Biatss est
ouvertement hostile à l'équipe sortante. On pourrait s’interroger
sur l'espérance de vie d'une équipe si peu légitime aux yeux de
ses électeurs. Ce ne serait pas raisonnable. Ce serait même risqué
et ce serait un camouflet adressé à ces personnels, leur donnant
l'impression qu'on leur a confisqué l'université, que leurs choix
et envies n'ont finalement aucune importance, exacerbant ainsi leur
mécontentement.
Je
ne doute pas, mesdames et messieurs que chacun d'entre vous saura
prendre ses responsabilités en
glissant son bulletin dans l'urne. Ce sera donc en toute connaissance de cause, et sciemment, que vous
adresserez aux personnels de l'université tel message
« nous avons entendu votre désir de changement » ou tel
autre « nous n'avons cure de votre opinion, nous nous moquons
des dysfonctionnements, du sentiment d'injustice et de l'iniquité ».
Ce sont pourtant ces personnels qui connaissent l'université de
l'intérieur et qui en vivent les difficultés, parfois cruellement.
Leur volonté de changement n'est pas le caprice d'une communauté
irresponsable, inconsciente des enjeux ou manipulée. Le vote des
personnels de l'UA (je ne parle pas ici de ceux qui y ont légalement
pris part, sans peut-être mesurer l'impact de leur geste), était
sincère et majoritairement orienté vers notre projet d'alternance
démocratique. Je comprends bien que des intérêts sont en jeu, mais
contrairement à ce qu'on vous a peut-être expliqué, ces intérêts
ne sont pas ceux de l'Université, bien au contraire. Ils n'ont donc
pas leur place ici.
Serait-il raisonnable
d'élire un président dont (sauf le respect que je te dois Philippe)
dont l'activité de recherche se réduit à sa plus simple
expression ? Non, tout autant !
Quelle image
donnerons-nous de l'UA à la CPU, dans les instances régionales,
nationales ou internationales ?
Sur quelles bases un
président qui ne connaît pas le montage des dossiers de subvention
de recherche, les échanges scientifiques internationaux, le pilotage
d'un projet de recherche associant plusieurs laboratoire, le CNRS et
d'autres organismes scientifiques, l'encadrement de doctorants, sur
quelles bases pourra-t-il trancher lorsqu'il faudra le faire ?
Sur quelle base
pourra-t-il défendre les projets de l'université devant des tierces
personnes ou organismes et avec quelle crédibilité scientifique ?
L'université d'Avignon
n'a pas besoin d'un gestionnaire universitaire à sa tête. Il y a un
DGS. Elle a besoin d'un chercheur pour porter ce qui la sauvera :
la qualité de sa recherche.
En réalité,
l'expérience et les compétences sont de notre coté, bien
d'avantage que dans la continuité. Notre équipe est composée de 2
anciens Vice-Présidents et de 2 vice-doyens aux études de leur
composante contre 1 ancien Vice-Président chez nos concurrents et
nous avons une forte expérience en recherche, la connaissance des
échanges internationaux, de nombreux contacts établis par nos
pratiques scientifiques en France et à l'étranger, nous avons eu la
possibilité de fréquenter d'autres établissements et d'autres
pays.
Notre équipe est aussi
la seule capable de fédérer les personnels autour d'un projet et
d'apaiser les tensions, au delà de notre capital de légitimité :
voilà plusieurs mois maintenant, et personne ne nous accusera
d'opportunisme électoraliste, que nous réclamons le juste retour de
la collégialité. La collégialité, c'est redonner leur sens aux
instances de l'université, c'est surtout discuter dans les
assemblées les projets et orientations afin que chacun puisse donner
son point de vue, y compris, bien entendu, les personnes engagées
avec nos concurrents.
Notre programme est
tourné vers le territoire, vers les entreprises et vers une
gouvernance qui ne sera plus autoritaire et méprisante mais qui, à
l'opposé, considérera tous les avis et qui renforcera nos axes de
développement, « Agro & Sciences », d'une part,
« Cultures, Patrimoine, Sociétés numériques » d'autre
part.
Nous
réinvestirons
l'ensemble du territoire vauclusien, en replaçant
le Laboratoire Souterrain à Bas Bruit (LSBB) de Rustrel au cœur de
notre politique scientifique,
en établissant des partenariats avec les lycées du territoire et en
travaillant avec le
tissu socio-économique local.
Nous
honorerons
les engagements pris dans le cadre de l’association en défendant
l'autonomie et le périmètre d'emplois de l'Université d'Avignon.
Au delà d'Aix-Marseille-Université
qui est notre
partenaire de
référence,
nous travaillerons en synergie avec les établissements
d'enseignement supérieur de
la Région.
Parce que ce sont des acteurs essentiels de la
professionnalisation, mais aussi un formidable terreau pour la
recherche, nous rapprocherons l'Université d'Avignon des
entreprises. Nous créerons un bureau des stages sur chacun de nos
deux sites, soutiendrons la formation continue, développerons
l'alternance, et inviterons les acteurs du monde socio-économique à
venir partager avec nos étudiants leurs compétences et expériences.
Nous encouragerons et soutiendrons l'entrepreneuriat étudiant. Nous
travaillerons à améliorer la vie de campus, notamment sur le
nouveau site d'Agroparc où les problèmes sont nombreux, à
commencer par le transport.
Nous développerons les relations internationales
pour permettre à nos étudiants de faire davantage de séjours à
l'étranger et les faire profiter pleinement du programme Erasmus,
mais aussi à nos chercheurs et laboratoires de renforcer leur
rayonnement.
Nous accompagnerons les chercheurs dans leurs
projets, faciliterons leurs démarches, réduirons les délais de
signature, organiserons les conditions de la collaboration avec les
entreprises.
Nous
renforcerons les partenariats et les collaborations induits par le
Contrat
de site,
en particulier l'INRA, avec lequel nous développerons des
synergies, au bénéfice de tous.
Nous développerons enfin une politique
pluri-annuelle de ressources humaines, nommerons un médiateur pour
désamorcer les tensions, organiserons une communication interne de
qualité, et travaillerons à répondre aux recommandations exprimées
par les experts lors de la dernière évaluation de l'établissement.
Les mots que j'ai utilisés sont forts et ils
peuvent surprendre les étudiants et les personnalités extérieures,
en particulier, car ils sont aux antipodes de l'image projetées
auprès de ceux qui n'ont pas accès au fonctionnement interne de
l'université. Ils sont pourtant le reflet de l'opinion d'une large
majorité du personnel.
Mesdames et messieurs les conseillers, en déposant
un bulletin dans l'urne, ce n'est pas seulement un président que
vous élirez, vous ferez aussi le choix entre le développement
harmonieux et rééquilibré de l'université et la continuité d'une
politique qui a généré tant de mécontentement, entre le respect
du choix des électeurs de l'Université et le vol de leur profond
désir de changement.